Un lecteur m’a dit : « Ce que j’aime de vos chroniques, ce sont les exemples concrets que vous donnez pour illustrer vos propos plus techniques ou théoriques. » J’ai décidé de faire mieux encore. Voici un cas « à chaud » que je traite actuellement et qui concerne l’une des blessures sportives les plus fréquentes : une déchirure du ménisque.
Le ménisque est un disque caoutchouteux situé entre le fémur et le tibia. Sa fonction est de protéger le genou en amortissant et en répartissant le poids. Ce type de déchirure est également courant chez les plus de 45 ans parce que les ménisques deviennent plus friables au-delà de cet âge. Il suffit alors d’un faux mouvement.
PETITE HISTOIRE DU PATIENT
Jacques (prénom fictif), dans la soixantaine, est un fervent golfeur. En octobre 2016, il a ressenti une vive douleur au genou droit sur lequel repose son poids à la fin de son élan. Ce sera la fin de sa saison de golf. Il espérait que la blessure guérirait avec le temps mais la douleur a persisté tout l’hiver à des degrés divers. Il a néanmoins repris son sport favori au printemps et joué tout l’été malgré cet inconfort. Il y a trois semaines, il s’est reblessé dans les mêmes circonstances. Depuis, il peine à marcher.
Il a commencé par aller voir son médecin en quête d’une radiographie. Celui-ci diagnostique une tendinite et lui prescrit plutôt un anti-inflammatoire et une crème pour soulager la douleur. Pour le traitement ? Quand Jacques lui dit qu’il connaît un bon physiothérapeute, il lui suggère aussitôt de le voir. « Laisse-le faire son propre diagnostic, il peut voir autre chose », lui a-t-il conseillé. Sagement.
PREMIÈRE VISITE
Je lui ai fait raconter l’histoire de sa blessure et lui ai posé une série de questions. Puis j’ai testé les zones de douleur sur son genou et lui ai fait exécuter certains mouvements contrôlés. Mon expérience clinique m’a appris que les déchirures méniscales surviennent généralement quand le pied reste planté au sol pendant que le corps change abruptement de direction, ce qui correspond parfaitement à l’élan de golf. Je lui ai fait part de mon diagnostic : une légère déchirure du ménisque. Quand je lui ai mentionné que 95 % de ces blessures ne nécessitent pas de chirurgie et que les traitements de physiothérapie sont très efficaces, il a paru soulagé.
Nous avons commencé le traitement sur-le-champ. D’abord, par une thérapie manuelle et des pliements progressifs du genou jusqu’à l’atteinte du seuil de la douleur. Nous avons enchaîné avec une séance d’ultra-son suivie de l’utilisation du courant électrique à des fins analgésiques. J’ai ensuite enseigné à Jacques comment éviter de se reblesser dans ses mouvements quotidiens : en marchant, en s’installant au volant de sa voiture, en position assise ou couchée… Je lui ai également recommandé d’appliquer de la glace une quinzaine de minutes plusieurs fois par jour pour diminuer la douleur et combattre les enflures, et de limiter les déplacements à pied pendant quelques jours.
DEUXIÈME VISITE
Nous nous sommes revus quatre jours plus tard. L’amélioration est flagrante : plus de souplesse et moins de douleur, jusqu’à oublier quelquefois les gestes de prévention appris, ce qui a réattisé temporairement la douleur. Nous refaisons le même traitement que lors de la première visite, mais avec plus d’ampleur et plus longtemps. Quand il quitte, je lui recommande cette fois de se déplacer à pied comme avant mais d’éviter toute torsion du genou. Si la douleur réapparaît, il faut attendre et ne pas insister.
Nous en sommes là. À ce stade-ci, je prévois que quelques séances supplémentaires de physiothérapie suffiront. Ce n’est pas le cas de tous les patients. Je suggère alors une intervention chirurgicale toute simple sous arthroscopie. Je les envoie donc voir un médecin avec mon diagnostic.
J’espère que le récit de ce cas concret vous a permis de mieux comprendre ce type de blessure, ainsi que les particularités et les effets bénéfiques du traitement de physiothérapie.
À la prochaine.
René Joyal, physiothérapeute