Glace vs chaleur
« Suite à une blessure musculo-squelettique, est-ce que je dois appliquer de la chaleur ou de la glace? » Il s’agit d’une question à laquelle les physiothérapeutes doivent répondre très souvent. Dans les deux cas, il s’agit de modalités antalgiques (visant à diminuer la douleur) faciles à appliquer à la maison et qui, si elles sont utilisées judicieusement, peuvent à la fois contribuer à diminuer temporairement la douleur, contrôler l’enflure et promouvoir la guérison des tissus. Toutefois, le mauvais choix de modalité de cryothérapie (thérapie par le froid) ou de thermothérapie (thérapie par le chaud) peut avoir l’effet inverse et aggraver la condition ou retarder la guérison d’une blessure. Ainsi, la prudence est de mise quant au choix et à l’utilisation de ces modalités. En cas de doute, consultez un professionnel de la physiothérapie!
La cryothérapie
L’application de la glace ou d’un agent refroidissant sur la peau peut avoir les conséquences suivantes sur la région concernée : diminution de la circulation sanguine et de l’activité cellulaire (et donc l’inflammation), diminution de la douleur, augmentation de la raideur des tissus avoisinants et détente des muscles (via la réduction des spasmes musculaires).
La forme classique de cryothérapie est la glace, qui peut être utilisée à la maison sous forme d’enveloppement froid (ex. légumes surgelés ou glaçons enveloppés dans une serviette mouillée) de sac de glace ou de massage au bâton de glace. Il est recommandé d’appliquer la glace de 10 à 15 minutes à chaque 2 ou 3 heures.
Il est à noter qu’un usage prolongé ou un contact trop direct avec la glace peut provoquer des engelures, ou brûlures par le froid. Par conséquent, il est recommandé d’utiliser une interface entre la glace et la peau (par exemple, une serviette humide) et de vérifier la peau à chaque 5 minutes sous la zone traitée.
La thermothérapie
L’application de la chaleur entraîne les effets suivants physiologiques suivants sur la région concernée: augmentation de la circulation sanguine et de l’activité cellulaire, diminution de la douleur, augmentation de la souplesse des tissus et détente des muscles.
Les méthodes d’applications de chaleur sont variées : on peut avoir recours à la chaleur sèche (coussins chauffants électriques, « sacs magiques » ou bouillotes) ou à la chaleur humide (bain chaud ou douche chaude, ou sacs contenant de l’argile et chauffés dans des hydrocollateurs, souvent utilisés dans les cliniques de physiothérapie). Bien que les deux types de thermothérapie soient efficaces, il a été démontré que la chaleur humide est plus bénéfique pour pénétrer les tissus en profondeur. La posologie recommandée pour la thermothérapie est d’environ 20 à 30 minutes.
La prudence est également de mise pour l’application des modalités de thermothérapie en raison du risque de brûlures. Un examen répété de la peau s’impose tous les 5 minutes afin de s’assurer de l’intégrité de la peau et de dépister une rougeur anormale.
Contexte d’utilisation
Suivant une blessure musculo-squelettique, la première phase de guérison des tissus initiée par le corps humain se nomme la phase inflammatoire ou la phase aigüe, et celle-ci est d’une durée normale variant entre 24 heures à 10 jours, selon la sévérité de la blessure. Elle est caractérisée par le chaleur, l’enflure, la rougeur et la douleur à la palpation de la zone affectée. Durant cette phase, il est préférable d’avoir recours à la cryothérapie afin d’éviter des dommages supplémentaires aux tissus.
Quant à elle, la chaleur est souvent utilisée lorsque la douleur persiste au-delà de la phase aigüe, que l’articulation concernée a plus de raideur que de douleur et que les signes d’inflammation (chaleur, rougeur, enflure, douleur) se sont estompés. L’usage de la thermothérapie peut également s’avérer judicieux avant l’exercice afin d’augmenter la température des tissus, la souplesse musculaire et l’amplitude articulaire.
Il existe toutefois des contextes dans lesquels l’application de thermothérapie et de cryothérapie est à proscrire, notamment dans le cas de problèmes circulatoires sévères, de diminution significative de la sensibilité, de prise de médicaments affectant l’état de conscience (danger de brûlure) et de tumeur cancéreuse. De plus, il n’est pas recommandé d’avoir recours à la chaleur dans des cas de plaie, d’infection, de stade aigu d’inflammation, de maladie de la peau (ex. eczéma) ou sur l’abdomen et le bassin des femmes enceintes. La cryothérapie est également déconseillée chez les individus présentant les conditions suivantes : anémie, syndrome de Raynaud, diabète, hypertension sévère, blessure ouverte.
Conclusion
L’utilisation d’agents thermiques comme la cryothérapie et la thermothérapie représente un moyen simple et à la portée tous permettant de contribuer au soulagement temporaire de la douleur ou à la guérison accélérée d’une blessure musculo-squelettique. Toutefois, si vous vous interrogez sur la modalité la plus adéquate dans votre cas ou si vous n’êtes pas certain de la nature ou de la gravité de votre blessure, il est préférable de consulter un professionnel de la physiothérapie. Ce dernier sera en mesure de vous conseiller ou d’évaluer l’état de votre blessure.