Clinique de Repentigny (450) 581-9614

Avec le début de l’entraînement de l’équipe qui représentera la clinique à la course « À votre rythme » organisée par la Fondation Santé Sud de Lanaudière, l’occasion est belle de parler des effets bénéfiques de la marche rapide, notamment pour les personnes qui souffrent de maux de dos.

Qu’est-ce qu’une « marche rapide » ?

On parle de marche rapide lorsqu’elle s’effectue à une vitesse de 6 à 8 km à l’heure. À ce rythme, vous parcourez entre 1,5 et 2 km en un quart d’heure. La marche est alors considérée comme un sport. Par comparaison, la marche régulière se situe entre 5 et 6 km à l’heure et la marche lente (ou « lèche-vitrine ») en-deça de 5 km à l’heure.

Les avantages de la marche rapide sur les deux autres formes sont nombreux. Entre autres, elle sollicite à la fois les systèmes musculaire et cardio-respiratoire, elle optimise la coordination et l’équilibre, et aide à brûler des calories, donc à perdre du poids. Elle est même efficace pour contrer la dépression.

Les travaux de Nachessom

La plupart des problèmes lombaires (à la hauteur des reins) proviennent de dérangements discaux. On sait depuis les travaux de Nachessom dans les années 1970 que la pression intradiscale lombaire varie selon les différentes postures et le type d’effort. Dans la station debout et à la marche, ces pressions sont beaucoup moindres qu’en position assise ou lors d’activités qui exigent la flexion ou la torsion du tronc.

Pourquoi la marche rapide est-elle particulièrement bénéfique pour les maux de dos ? Parce que la posture en extension lombaire qui en découle favorisera la réduction du dérangement discal et activera les muscles stabilisateurs du tronc. Le phénomène de stabilisation sera d’autant plus prononcé que les bras seront balancés énergiquement à partir des épaules. Ces bénéfices ne surviennent pas lors de la marche lente qui souvent aura même l’effet contraire.

Gestion de la douleur

La marche rapide est généralement thérapeutique pour les lombalgies dans la mesure où on respecte le niveau de douleur. Mais comment gérer la douleur ? Ici, il faut sortir des légendes urbaines contemporaines.

Il existe aujourd’hui une obsession d’éliminer la douleur. Plusieurs croient même qu’à la moindre douleur, il faut cesser tout mouvement de la partie du corps concernée. Rien n’est plus faux. Qui ne se souvient pas de raideurs matinales qui disparaissent dès que vous avez bougé quelques minutes ? J’inverserais donc carrément le principe général : une douleur ou une sensibilité qui n’augmentent pas à la marche est un signe qu’il est permis de bouger. Seule la douleur intense ou qui augmente nous prévient du contraire.

À la clinique, nous quantifions le processus pour le mettre en perspective. Par exemple, si la cote de douleur ne dépasse pas 6 sur une échelle de 0 (absence totale) à 10 (seuil intolérable), nous recommandons au patient de continuer à bouger mais en s’en tenant à ce niveau. Si l’activité augmente la douleur, il faut plutôt mettre la région au repos et appliquer de la glace.

Un cas extrême

Récemment nous avons eu à traiter un accidenté de la route qui était incapable de redresser son corps. Il était demeuré couché pendant trois semaines croyant que cela faciliterait sa guérison. Néanmoins, au moindre mouvement, la douleur demeurait intense. Nous avons commencé par trouver une position qui lui permettait d’éliminer la douleur et lui avons demandé de marcher chez lui à courtes enjambées pour éviter de trop faire bouger les articulations. Depuis, nous constatons une progression lente mais continue sur sa posture et l’intensité de la douleur.

Morale : malgré les principes scientifiques, il faut continuer à se fier et à s’ajuster aux symptômes cliniques.

René Joyal, physiothérapeute